Chroniques d’une pandémie 2

Ben, ça alors!

   Cette civilisation qui est la nôtre est si absurde et détestable qu’il faut malheureusement une épidémie de maladie virale pour prouver aux débiles mentaux des hautes sphères de la « communauté internationâle » qui infestent la planète que notre technologie est franchement nuisible à l’air, à l’eau et à la terre. On vient de constater que, paralysée par le virus, la Chine, vue de l’espace, est pure de toute pollution, ô surprise ! ô miracle ! « Fallait vraiment pas être sorti de Saint-Cyr pour subodorer cela, mon p’tit Marcel ! » La conclusion est donc évidente, petits hommes bornés que nous sommes, limitons – Que diable ! – notre activité ! Nous n’avons pas besoin de produire comme des fous des artefacts dont nous n’avons pas vraiment besoin pour vivre. Et ce qui est particulièrement insupportable, c’est la délocalisation à des fins mercantiles : faire voyager les matières premières et les produits finis d’un bout à l’autre des terres immergées en sous-payant ceux qui les extraient, les ressources naturelles, et ceux qui les fabriquent, les objets, est un véritable crime contre la nature et, par conséquent, contre l’humanité – car quand la nature sera détruite, il n’y aura plus d’humanité –  que commettent en toute impunité les grands capitaines du commerce et de l’industrie. Il faudrait les juger et les condamner pour écocide et génocide, ces malfrats.
De même, à notre époque où l’audiovisuel fait des miracles, où l’on peut voir tous les paysages du monde et la vie des animaux de son salon, qu’est-ce que c’est que cette hystérie des gueux qui se croient obligés d’aller dans tous les coins de la terre pour voir s’ils y sont et qui n’en retirent, la plupart du temps, rien, rien d’autre qu’une collection de photos ? Contrairement, à l’adage, les voyages ne forment pas plus la jeunesse que le troisième âge : 90% des péquins qui touristent à tire-larigot reviennent aussi cons qu’avant leur départ… Voyager ? Oui, mais avec de bonnes raisons. Désolé, mais, vu la finitude de la sphère terrestre et la surpopulation générale, on ne peut plus voyager comme au XVIIIe siècle. Voyager ne devrait être possible que si la finalité du voyage le justifie. « Non, Madame Jobard, vous n’irez pas vous dorer l’échine en Indonésie : ce n’est pas un motif recevable !  Restez dans votre jardin. Et puis d’abord, le bronzage n’a rien d’indispensable. C’est pas culturel et votre pronostic vital n’est pas engagé. » Le voyage devrait être réservé aux vrais voyageurs, c’est-à-dire à celles et ceux qui voyagent pour de bonnes raisons : la création d’un permis mondial de voyager (délivré par un conseil de sages) s’impose pour éviter cette frénésie des vols internationaux, polluants et dangereux sur le plan sanitaire, comme le prouve de façon si flagrante la pandémie que nous vivons actuellement.
Mais la bêtise et la vanité de l’homme est si enracinée dans sa condition que rien ne changera – Hélas ! – et qu’il faudra une autre pandémie, plus radicale celle-là, pour décimer l’espèce et rendre l’air plus pur.

                                                                                       Kynos