Le règne des criminels et des imbéciles

   Au fil des millénaires, l’homme a cherché la vérité, la solution, la clé de l’énigme, l’aleph… Il est apparu assez vite que l’objectif ne serait jamais atteint : il n’y aura ni vérité absolue, ni perfection, ni sécurité intégrale, ni vie éternelle. Cependant, malgré la sagesse contenue dans certaines œuvres philosophiques, malgré la conscience que beaucoup ont du péril que nous fait courir notre civilisation libérale et technicienne, rationnelle et cupide, les discours des pouvoirs en place nous abreuvent d’une litanie de poncifs, de formules creuses et de morceaux choisis de langue de bois : mondialisation, progrès, croissance, marché, bonheur, robotisation miracle… La liste est loin d’être close… Or, si l’on se penche sérieusement sur l’histoire de l’humanité, il apparaît  assez clairement que les quelques progrès réels qu’a permis la science ont été largement contrebalancés par des régressions elles aussi bien réelles, dont la pollution et le réchauffement ne sont que des exemples flagrants. Mais surtout, quoi qu’on en dise en se fondant sur le développement des médias qui favoriseraient la « communication » et nous rendraient plus intelligents, plus humains, l’homme, au fond, n’a pas changé : toujours aussi ignorant globalement, toujours aveuglé par les passions, toujours aussi cupide, toujours aussi vaniteux, toujours aussi belliqueux, toujours aussi crédule et prompt à se réfugier dans la croyance et à s’abandonner au fanatisme dans l’irrationnel ou dans le politique…

   Non, l’homme n’a absolument pas changé…. Et les puissances régnantes, qu’elles soient économiques, sociales, politiques ou religieuses entretiennent le mensonge rhétorique tout en maintenant les masses populaires dans une aliénation qui n’est qu’une autre forme « moderne » de la coercition médiévale ou de l’oppression du capitalisme industriel du 19ème siècle. Et tout le monde devrait être content parce qu’on a la télévision, une ou deux automobiles, des tablettes et des Smartphones ! La vraie question est la suivante : « A quoi sert d’avoir transformé la planète en « village global » (La formule est de Marshall McLuhan) ? » A rien, sinon à donner la parole à tout le monde, aux bienfaiteurs et aux salauds, aux inventeurs et aux pervers, aux penseurs et aux menteurs, aux artistes et aux idiots, aux cœurs purs et aux criminels, aux génies et aux fous…

   Qui est assez fou justement pour croire que ce gigantesque coassement nous rend meilleurs ! Il ne fait que consacrer l’infâme principe du tout-se-vaut dans l’immense troupeau de moutons où se régalent les loups… En attendant les vrais progrès, des hommes continuent à mourir de faim, de misère et de violence… Les autres survivent dans la soumission, la résignation et la frustration… Quel progrès !